L’AGRESSIVITE

GENERALITES

L’agressivité en elle-même n’a rien de pathologique, c’est un instinct ni bon ni mauvais, un instinct de survie, une violence verbale ou gestuelle dirigée contre pour marquer son existence.

Nous retiendrons la définition du Professeur KARLI : "un comportement agressif, comme n’importe quel autre comportement, est un moyen d’expression et d’action dont dispose tout être vivant pour dialoguer avec son environnement et maîtriser les relations qu’il tisse au sein de cet environnement".

L’agressivité est un moyen d’expression et d’action, on ne déclenche pas un conflit pour lui-même. L’agressivité peut exprimer beaucoup d’incertitudes et d’insatisfactions. Ce peut être aussi le moyen mis en oeuvre pour rechercher des stimulations, un certain état d’excitation, des émotions fortes.

L'agressivité est aussi un moyen d’action en rapport avec le narcissisme (l’amour porté à notre propre image corporelle). On a le désir de pouvoir affirmer sa valeur à autrui et de pouvoir se la confirmer à ses propres yeux. Or, qu’est-ce qui peut mettre en danger le narcissisme ? L’image du corps vieillissant, la dépendance, la mort.

LES COMPORTEMENTS AGRESSIFS DANS LA MALADIE D’ALZHEIMER

L’agressivité est un comportement courant chez les sujets atteints de maladie d’Alzheimer. Les perturbations comportementales et émotionnelles peuvent se présenter chez au moins 75 à 88 % des patients. Le comportement agressif allant des débordements verbaux aux agressions physiques (mordre, cracher, donner des coups de pied et des coups de poing) existe chez 30 à 50 % des patients dans les institutions. Il faut toujours chercher à comprendre l’agressivité et la violence, mais il ne faut pas l’accepter.

Les troubles du langage, et par là l’incapacité à communiquer verbalement les sentiments et les besoins intérieurs, peuvent prédisposer le sujet à un comportement agressif.

L’agressivité est en relation avec la maladie, la peur du placement. La peur de la mort génère une grande angoisse.

Les facultés intellectuelles étant perturbées, la perception est modifiée et le traitement de l’information est difficile. Tout ceci aboutit à une non-maîtrise, avec un vécu douloureux, qui peut être tel que l’agressivité est l’expression de cette situation d’incompréhension et de désarroi.

Des situations particulières, un changement dans l’environnement immédiat du malade par exemple, peuvent déclencher une conduite agressive. La maladie d’Alzheimer est une atteinte intolérable à l’image de soi et implique, dans son évolution une dépendance de plus en plus accrue. Cette dépendance est souvent mal vécue, ce qui peut amener le malade à refuser violemment l’aide qui lui est proposée.

Dans la dépression, l’agressivité est liée à la blessure de ne pas se sentir à la hauteur de ses idéaux. Il s’agit alors d’une auto-agression : état dépressif et conduites agressives alternent. La violence peut devenir la dernière possibilité pour le malade, l’ultime façon de se confirmer, de se montrer encore capable de faire quelque chose, même le mal.

L’agressivité, la violence sont des réponses instinctives à des situations mal comprises. Cela doit nous Faire souvenir que l’être humain, dès la naissance, est un être incomplet sans la parole des autres humains.

Judith MOLLARD - Conférence FRANCE ALZHEIMER
Dr Pierre GUILLET - Association de Gérontologie du Xlllème

QUE FAIRE ?

Ne jamais répondre à l’agressivité par l’agressivité : si l’on répond à notre tour par la violence ou la contrainte, on entre dans un rapport de force avec le malade et la situation va vite se dégrader.

Amener la personne en colère dans un lieu isolé. La faire asseoir et s’asseoir à côté d’elle.

Lui montrer que l’on a perçu l’agressivité. Ignorer l’agressivité risque de renforcer celle-ci.

Lui manifester une attitude d’écoute neutre et bienveillante.

Reconnaître notre propre agressivité, en écho, et s’interroger sur notre seuil de tolérance. Quand ce seuil de tolérance est atteint, mettre en place une autre stratégie, en parler, demander de l’aide, passer le relais.

Apprendre à prendre de la distance pour ne pas se sentir personnellement agresse.

"Mettre du sens sur les situations, des mots sur les maux, cela permet de retrouver la communication entre deux êtres humains. Pouvoir prendre du recul, de la distance, devant un événement qui nous étonne, cela s’appelle avoir de l’humour. L’humour est peut-être ce que l’on a inventé de mieux pour s’opposer à l’agressivité et à la violence".

Dr P. GUILLET