Différentes études ont montré une augmentation de l’incidence de la dénutrition chez les patients souffrant de démence de type Alzheimer.
Modifications du comportement alimentaire
Chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer on observe des modifications du comportement alimentaire variable pouvant aller de la boulimie à l’anorexie. La boulimie est fréquente, notamment au stade précoce de la maladie. Elle se caractérise par une alimentation anarchique avec une préférence pour les sucres, sans discrimination pour les aliments ces patients pouvant, à un stade tardif, consommer des aliments non comestibles, responsables alors d’intoxication alimentaire. A un stade ultérieur, peut survenir une anorexie qui pose alors le problème éthique de la mise en place ou pas d’une sonde gastrique chez un dément profond. Quand ces patients refusent de s’alimenter, différents moyens s’offrent au médecin; mais ils ne sont pas dénués d’effets secondaires (sonde gastrique et perfusion sont souvent sources de diarrhée, de perte d’autonomie, d’encombrement bronchique et d’infection). Dans une étude récente, les chercheurs du Brooklin College montrent qu’une simple stimulation tactile peut apporter une aide réelle et appréciable.
Les modifications du comportement alimentaire peuvent être également à type d’oubli de repas.
Il semble qu’il soit différent chez les malades présentant une maladie d’Alzheimer et dans les démences multi-infarct. Il est important de veiller à un bon état nutritionnel si ces malades doivent subir une intervention chirurgicale ou font l’objet d’une pathologie. En effet, différentes études ont montré que ces patients s’alimentant tout seul peuvent avoir suffisamment de calories pour la vie de tous les jours, mais non en cas de survenue d’une maladie intercurrente. De même, ils ne sont pas capables d’ajuster leur alimentation.
LES PERSPECTIVES
La prise en compte de l’état nutritionnel du sujet malade apparaît utile à deux niveaux :
1 dans la prévention du vieillissement cérébral pathologique. Il faut ici souligner l’intérêt d’une alimentation variée, non carencée en vitamines, peut-être enrichie en lécithine chez des sujets encore pas trop âgés et qui seraient répondeurs, le tout associé à une bonne activité intellectuelle et sociale.
2 le deuxième intérêt concerne la prise en charge des patients présentant un vieillissement cérébral pathologique. Il convient de mentionner ici l’importance d’une surveillance régulière des paramètres nutritionnels, notamment du poids. Il paraît indispensable de peser les malades vus en consultation tous les mois afin de surveiller leur courbe de poids.
Au niveau du comportement alimentaire et des apports alimentaires recommandés, on préconisera un régime plus riche en calories, en protides, dont les aliments auront une saveur plus marquée.
Il est à noter également que ces patients présentant un vieillissement cérébral pathologique s’alimentent de façon plus facile pendant la journée, à 16 heures ou le matin au petit déjeuner. Ces repas seront donc privilégiés. Enfin, la prise en charge devra conserver les automatismes ou créer des automatismes alimentaires en faisant manger ces patients à heures régulières, en veillant à une bonne tenue alimentaire, en les faisant participer aux repas et en s’assurant que l’hygiène alimentaire est satisfaisante. A un stade plus tardif il faudra stimuler ces patients. Il semble que la prise en compte de l’état nutritionnel du sujet présentant un vieillissement cérébral pathologique soit un élément essentiel de son équilibre physique et mental, certaines carences, par exemple une déshydratation, pouvant être à l’origine d’épisodes d’agitation.
D’une façon générale, des recommandations alimentaires précises qui restent encore à définir de façon certaine pourraient permettre une meilleure compréhension des rapports entre nutrition et neurobiologie.